Lu en février 2019: coups de cœur /Philippe Lançon, le lambeau

Philippe Lançon, Le Lambeau (2018)

Philippe Lançon (né en 1963) est journaliste du quotidien Libération et chroniqueur pour l’hebdomadaire Charlie Hebdo, dont les locaux ont fait l’objet de l’attaque terroriste du 7 janvier 2015. Il a lui-même été blessé lors de cet attentat, il raconte le drame qu’il a vécu dans son livre. Son visage a été détruit, mais il n’éprouve aucune amertume et parvient à dépasser la rancune.

Il ne passe aucun détail de ce qu’il a subi (la vue de la cervelle d’un collègue à son réveil, de Tignous décédé un stylo à la main). Pourtant, Philippe Lançon n’en veut à personne, il surmonte ce drame grâce à l’écriture et à la littérature : on retrouve de nombreuses références tels que Voltaire, Proust, Kafka, Pérec, Lamartine ou encore Tintin. Il intègre même de l’humour dans son récit en surnommant « La Marquise des Langes » l’infirmière qui s’occupe de lui (les langes étant apparentés aux pansements qu’elle lui fait). Elle est Belle, il est la Bête. Il se prend pour un chevalier avant le grand combat, la greffe de sa mâchoire. Le mot « lambeau », qui donne son titre au roman, fait référence au morceau de son propre péroné utilisé lors d’une greffe et que l’on met sur la plaie, habillé d’un « lambeau » prélevé sur la cuisse. Philippe Lançon trouve la force de raconter son drame, dire sa souffrance, à travers le prisme de ses connaissances littéraires et avec ses talents d’écrivain, le prix à payer pour retrouver une vie normale.

Ce texte puissant qui va à l’essentiel est d’une force et d’une authenticité saluée par ses lecteurs.

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