9 mai 2020
Jeu d’écriture par temps de confinement – 48 -la langue de l’entreprise
Parmi ses marottes, demander à leurs salariés de décrire leur activité avec le plus de précision possible. Les verbes sont employés de préférence à l’infinitif ou au participe présent ; ils peuvent être conjugués à la troisième personne du singulier, sans mentionner le pronom personnel.
Thierry Beinstingel a rédigé ainsi tout un roman : CENTRAL dont voici un extrait :
« Donnant en face de la porte d’entrée, le bureau des agents des dérangements, rarement présents en pleine journée. Un casier de bois avec les noms pour le courrier. Le matin, les entendre trimbaler du matériel, commenter les notes : pas possible, pas réaliste, pondu par un chef n’y connaissant rien… Jurant, plaisantant. Une petite pièce jouxtant leur salle, encombrée d’outils, de câbles, de Taxiphones démontés, le terme précis étant « cannibalisés ». Imaginer ces boîtes de ferrailles se jetant l’une sur l’autre pour s’entre-dévorer. »
Décrire ainsi, au choix :
- La visite d’une exposition.
- Une sieste
- les courses au super marché
- L’achat du journal
- Une séance de lèche-vitrines
- Une séance au cinéma
- Une séance au théâtre
- Un repas en famille
- Autre…
Il n’y a rien de plus délicieux que d’être allongé ,aux heures les plus chaudes de la journée , dans une pièce , plongée dans un clair-obscur et d’écouter le froissement des rideaux volant , le cri strident des mouettes , le tumulte étouffé des enfants s’amusant , au loin , sur la plage et de sentir les fragrances iodées de cette ambiance marine ; paressant rêveusement dans une bulle intime , indolente et engourdie
HT
Ces petites réunions de famille, souvent, ayant lieu le dimanche midi. Tout le monde étant en repos, petits et grands.
Toujours féliciter l’hôte pour son bel accueil. Trinquer d’abord avec lui, puis avec les autres convives. L’apéritif sur la terrasse ensoleillée n’en finissant plus et commençant à tourner des têtes. Conversations de plus en plus animées. Engloutir des cacahuètes ou des biscuits beaucoup trop salés, et penser que l’on n’aura plus beaucoup de place dans l’estomac pour le repas gargantuesque qui va suivre. Se lever et s’attabler ensuite à la grande table du salon, où les petits plats dans les grands nous attendent. Table d’ailleurs superbement bien dressée, nous ouvrant l’appétit (malgré ces fichues cacahuètes addictives). Verres de vin (rouge, rosé, blanc, au choix) pour les grands, eau plate pour les petits (ou bien ce soda tant apprécié, si difficile à leur refuser en ce jour spécial). Conversations croisées, brouhaha général. Certains monopolisant la parole, d’autres essayant de la prendre en vain. Sujets de conversation banals, sérieux, captivants ou bien ennuyeux parfois. Grands éclats de rire suscités par certains autres ; le vin n’étant peut-être pas étranger à cela. Ventre se gonflant au fur et à mesure des plats, s’ouvrir le bouton du pantalon discrètement pour être plus à l’aise. Le dessert, étape attendue et redoutée à la fois. Le café ensuite, pour faire semblant de digérer mieux. Les conversations se faisant plus rares. Certains proposant ensuite une petite marche digestive, d’autres préférant se vautrer sur le canapé devant un match de rugby. Nouveau café en fin d’après-midi. Puis se dire au revoir, se dire que l’on va remettre ça, chez un autre hôte. Car se retrouver en famille étant si bon.
LD
Auchan,par temps de confinement
Attendre à un mètre de distance l’un de l’autre dans la file ,à l’extérieur,en réajustant son masque.
Reconnaître une copine du jardin partagé:faire monter la température entre la bouche et le nez en parlant, baisser le masque,le remonter.
Se désoler pour les semis,la récolte des fèves et des petits pois.
Réfléchir à réparer la pompe.
Avoir soupçonné des pesticides dans la mare.
Puis,à l’intérieur de la grande surface:
-oublier le mètre entre les clients
-prendre du papier toilette mais pas trop
-dire des pardon,pardon dans chaque allée
-foncer vers tous les produits « bio »,en pensant au virus
Passer à la caisse:
-entendre la caissière épatée par le prix exorbitant de la vitre
-très contente d’avoir eu la prime de 1000 euros en plus de la prime de Noèl
-ne pas comprendre une revalorisation par le salaire
Sortie:
-acheter le « Sans Logis »:
-apprendre la montée des divorces
-apprendre l’égoisme des enfants nés dans un milieu religieux/ceux nés dans un milieu laic(enquête de la fondation John Templeton,organisation chrétienne.
Retour à la maison:
-« bonjour madame (91 ans),un peu d’aide?Non,moi pas besoin!
-« bonjour madame(92 ans),un peu d’aide?Non,moi pas besoin!
-poignée de la porte lustrée avant d’entrer.
-achats aspergés dans la baignoire
Assise:ouf!
BH
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