Jeu 2 : ainsi soit il(elle)
Il arrive qu’on traite une personne d’un nom d’animal : rat, loup, cafard, chien, vipère, mouton… (vous pouvez en trouver d’autres)
C’est en général pour souligner un défaut. Imaginez que cette personne se réveille un jour dans la peau de cet animal. Décrivez alors son comportement venant corroborer (ou pas) le qualificatif reçu.
Longtemps j’en ai voulu à mon père pour les prénoms qu’il m’avait donné. J’aurai aimé me prénommer Gotama (l’homme du choix), Vidya (celui qui possède la force), Bishen ‘(l’homme qui bondit) que sais-je encore mais mon père avait choisi je ne sais pas pourquoi un prénom français « Léon » et le prénom d’un animal sacré Tohr (le paon).
Survivre à l’école avec de tels prénoms était un supplice de chaque jour. Dans la cour les uns après les autres des élèves passaient à côté de moi en braillant Léon, Léon…ou encore ils faisaient la roue en virevoltant sur les mains.
Un soir de dépression profonde je me couchais en décidant de ne plus me réveiller.
Je ne saurais jamais quel Dieu comprit ma détresse mais si le corps finit dans les flammes d’un bucher, le karma est immortel et chacun renait dans l’humanité sous une forme ou une autre : homo sapiens, animal ou même insecte ou plante.
Je me réveillais debout sur le toit de l’école mais j’étais réincarné en un magnifique paon au plumage étincelant.
En Inde le paon est un animal sacré car il est le seul à oser attaquer le cobra et à le vaincre. Le profond respect, mêlé de crainte, qu’inspire le paon expliquait pourquoi les élèves présents dans la cour ce jour-là s’étaient agenouillés, les mains jointes sur la poitrine et la tête baissée.
Alors, de ma voix la plus forte, écartant mes plumes comme on écarte un éventail pour qu’elles fassent une roue multicolore ornée de cent yeux perçants comme des flèches, je paonnais un « Léon » à faire trembler les vitres de tout le quartier et clouer au sol ceux qui avaient, quand je n’étais qu’un enfant ,ridiculisés le magnifique animal sacré pour les indiens et pour les grecs.
JZ
En cette période de violences j’ai préféré parler d’un qualificatif plus gentil envers une personne…Toute petite un de mes oncles m’appelait toujours la grenouille d’une part parce que je ne m’arrêter pas de bouger et de sauter partout, de patauger dans la mer mais aussi de parler tout le temps et de saouler tout le monde: «- arrête de jacasser »me disait-il… lamentable erreur !!!! Le terme « coasser » aurait été plus approprié. Plus tard, c’est lui qu’on a surnommé tonton grenouille et quand il est mort j’ai eu beaucoup de peine et j’ai très mal dormi. Je me suis réveillée le matin dans la peau d’une grenouille fatiguée et toute ridée juste capable de sauter de son lit pour aller se plonger dans une baignoire pleine d’eau … pas de nénuphars , quel drame ! vite au frigo , flute des épinards !et vas y que je saute partout, je descends les marches pour aller à la mer , mais où est elle ? Déçue, je vais voir les copines dans l’étang voisin qui m’invitent à participer à un spécial show de l’été : enfin un vrai récital pour me sortir de ma torpeur et je me mis à parler, coasser, jacasser, chanter, parler, coasser , jacasser , chanter parler, coasser , jacasser , chanter….çà vous saoule non ?
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