Là où vont nos pères (2007), Tan Shaun

Shaun Tan est un auteur de bandes dessinées Australien qui offre ici une œuvre magnifique, avec un dessin précis, classique, monochrome. Les tons sépia ajoutent de l’humanité à l’ouvrage muet, ce qui fait comprendre au lecteur la dureté de l’exil, où que ce soit, quelle que soit l’époque.
Un homme quitte son pays (chassé par la famine ? par une mise au ban politique ?) et sa famille ; et s’embarque sur un grand bateau. Bien sûr les dessins évoquent les États-Unis et Ellis Island mais Shaun tan a transfiguré les paysages en un monde onirique, étrange, déstabilisant pour nous faire partager la perception de l’immigré plongé dans un monde qu’il ne connaît pas, dont il ne parle pas la langue ; qu’il ne comprend pas, dans lequel il est d’abord soumis à un tri inhumain. On suit son itinéraire chaotique, ses rencontres salvatrices qui vont lui permettre de trouver progressivement des repères et à terme de faire venir sa famille.
Le rythme est donné par la variété de la mise en page : accumulation de petites cases pour décrypter une situation complexe, doubles-pages de paysages agressifs par leurs bizarreries labyrinthiques. Sans paroles, il résume magnifiquement tous les aspects dramatiques de l’exil que nous avons découvert dans les autres fictions. Si on veut approfondir la lecture de cette bande dessinée, on peut consulter à la médiathèque le « making of » très détaillé de l’élaboration de l’œuvre.