A lire pour mars 2023, thème: journalisme et investigation

Thématique : « Journalisme et investigations »

  • Chroniques de Jérusalem, Guy Delisle : bande dessinée
  • L’inconnu de la poste, Florence Aubenas
  • Terre d’ébène, Albert Londres
  • Ceux qui restent : faire sa vie dans les campagnes en déclin, Benoît Coquard
  • 10 jours dans un asile, Nelly Bly
  • Miguel Street, V.S. Naipaul

Lu en février 2022, écrits de chanteurs et de comédiens, Les rêveurs (2018), Isabelle Carré

Les rêveurs (2018), Isabelle Carré

Comédienne et actrice, Isabelle Carré est née en 1971 à Paris.

Les Rêveurs est son premier roman. Dans une interview, elle écrit :

A dix ans, j’ai commencé à écrire un journal intime. Mais j’ai mis longtemps à m’autoriser à écrire l’histoire de ma famille. Je crois que j’avais peur de ne pas avoir les mots justes. C’est ça aussi qui m’a poussée à l’écrire comme un roman : je voulais être dans mon ressenti, pas dans un récit factuel. Je n’ai mené aucune enquête ! J’ai travaillé à partir de mes souvenirs et de mon imaginaire enfantin. J’ai inventé certains faits et j’en ai mélangé d’autres : disons que tout est vrai, mais seulement pour moi. Ce livre repose beaucoup sur le temps qu’il faut pour que les souvenirs s’éclaircissent.

J’ai grandi dans une famille romanesque. Mes parents venaient d’univers très différents : des aristocrates désargentés d’un côté et des cheminots de l’autre. Ma mère a tenu tête à sa famille qui voulait qu’elle abandonne son premier enfant à des religieuses (grossesse hors mariage). Très jeune, j’ai eu conscience de la singularité de leurs personnalités et de leurs parcours. Mon enfance en a été profondément marquée”.

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Lu en février 2023, écrits de chanteurs et de comédiens, Y revenir (2012), Dominique Ané

Y revenir (2012), Dominique Ané

Y revenir est un livre autobiographique du musicien et chanteur Dominique Ané qui conte sa relation avec la ville de Provins. Un excellent chanteur mais aussi une excellente plume. Il raconte sa ville natale qu’il décrit alors qu’il n’y est pas retourné et a fait sa carrière à Nantes. C’est une sorte d’appel, une nostalgie, il la raconte avec tous ses souvenirs pas toujours chaleureux mais le récit est très poétique et très intimiste.

Il explique sans trop comprendre pourquoi ce lieu ne cesse de le hanter alors qu’il a une répulsion pour cette ville « imbue de son passé » « entourée de champs de betteraves » « la plaine désole et isole » qui lui provoquait l’ennui. La ville reste hors de la modernité : elle « refuse de lâcher la bride au présent » et se caractérise par « à peine un peu de vie » et de l’humidité (« une allée conduit à une pente terreuse où je m’embourbe quand il pleut et il pleut souvent »). C’est une ville de province étouffante où ni l’auteur ni ses parents ne se sentent à leur place.

Le premier lieu est « la Bretonnière », le bout du monde : « Trois kilomètres qui nous séparent de la ville. Cette courte distance suffit à nous couper de ce que j’imagine être la vie normale ».

Provins, la ville où la famille s’installe peu après n’a pas plus d’attrait. Ce livre est un voyage à rebours il ausculte les lieux, les êtres rencontrés, il évoque les sentiments qu’il a éprouvés d’ailleurs il a consacré deux de ses chansons à Provins (Seine-et-Marne) : « Rue des marais » et « les terres brunes. » où règne une certaine mélancolie.

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Lu en février 2023, écrits par des chanteurs et des comédiens, Petit pays (2016), Gaël Faye

Petit pays (2016), Gaël Faye

  Gaël Faye est né en 1982, d’abord connu comme chanteur, auteur-compositeur interprète, est reconnu aujourd’hui comme écrivain. Petit Pays est son premier roman, largement autobiographique, d’une très belle écriture.

Son protagoniste est un enfant de dix ans Gabriel qui vit au Burundi dans une famille mixte, aisée. Il a une vie agréable, protégée, jusqu’au moment où il est pris dans la tourmente de l’Histoire qui envahit sa vie, par vagues de violence successives, de plus en plus rapprochées et qui va le pousser comme des milliers d’autre à l’exil.

C’est un livre qui parle donc de l’exil : celui du narrateur, Gabriel du Burundi en France et celui de sa mère et de sa famille du Rwanda au Burundi :

« Je n’habite nulle part. Habiter signifie se fondre charnellement à la topographie d’un lieu, l’anfractuosité de l’environnement. Ici, rien de tout ça. Je ne fais que passer. Je loge ? Je crèche. Je squatte. »

Dans la famille de sa mère, il y a la grand-mère qui a la nostalgie du pays perdu qu’elle raconte sans cesse et il y a le petit fils Pacifique qui rêve du pays à venir, réuni et qui sera pris par la tourmente.

C’est un livre de l’horreur des massacres Hutus et Tutsis dans les deux pays. Le narrateur cherche subtilement des failles dans la vie d’avant, au Burundi, où régnait l’illusion d’une vie commune possible dans ce pays cosmopolite.

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Lu en février 2023, écrits de chanteurs et de comédiens: Le moabi cinéma (2016), Blick Bassy

Le moabi cinéma (2016), Blick Bassy

Blick Bassy est né en 1974. C’est un auteur, compositeur interprète originaire du Cameroun et qui vit en France ; Moabi Cinéma est son premier roman.

L’auteur Camerounais nous raconte une jeunesse camerounaise dans les quartiers périphériques de Yaoundé, dans un milieu plutôt favorisé. Boum Bidoum, dit Mingri (petit Homme) a un père commissaire de police, catholique très rigoriste et néanmoins bigame, et 15 frères et sœurs. Il impose à ses enfants une vie très stricte : ils doivent se lever tôt et commencer leur journée par la prière et réussir à l’école ou dans leur travail. Néanmoins, comme il est la plupart du temps hors de la concession, ce sont les femmes et le grand-père, un homme haut en couleur qui a participé à l’indépendance du pays qui règnent sur la maisonnée.

Boum Bidoum est plutôt rebelle et le père a du fil à retordre avec son éducation (il le confiera même à son oncle). Il a cependant une jeunesse heureuse, où il fait partie d’une bande, « la bande des cinq ». Ce sont des jeunes aux personnalités bien tranchées qui font les quatre cent coups. Ils n’ont qu’une idée en tête : l’émigration en occident. Ce désir obsessionnel de partir cause des ravages et des drames parmi la jeunesse, prête à tout pour obtenir un visa, et donc aussi dans les familles.

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Lu en février 2023, romans de chanteurs et de comédiens: Monstre (2017), Gérard Depardieu

Monstre (2017), Gérard Depardieu

Ce livre Monstre, est un hymne à la vie, la vraie, à l’authenticité : « Ces jours où l’âme se fait lourde, ces soirs où l’on est fatigué de vivre et effrayé de mourir.On en oublierait presque qu’on a un cœur qui bat, du sang chaud dans les veines, qu’on est fait pour être et désirer.C’est dans ces moments-là qu’il faut savoir faire le vide, le propre. »
Ce qu’il aime c’est « ressentir », pas la superficialité d’un monde qui va trop vite et laisse beaucoup d’hommes en chemin.

Gérard Depardieu nous propose sa vision de la vie, avec des chapitres courts. Il prône son amour pour les gens de peu, les artisans, se lance dans une ode aux cinéastes italiens qu’il a pu côtoyer (Marco Ferreri, Bernardo Bertolucci…) et proclame son amour pour Stefan Zweig.

C’est un homme d’instinct qui aime ressentir, dans la vie comme au cinéma, avec ses contradictions et ses failles.

« Quand on aime, on n’a pas besoin de mettre un mot sur chaque sensation. Le désir suffit. Il faut le faire résonner. »

Il y assume son côté anticonformiste accusant la société d’être trop normative et trop corsetée.

Ce texte n’a pas été lu par beaucoup de participants et a été jugé un peu binaire par une lectrice.

Dominique Dou. et Yolande

Lu en janvier 2023, coups de coeur, la peur: Lily (2023), Rose Tremain

Lily (2023), Rose Tremain

Rose Tremain, née en 1943, est professeur à l’Université d’East Anglia. Elle y fit ses études ; parmi ses professeurs figurait le romancier Angus Wilson. Elle a été le professeur de Tracy Chevalier.

Francophile acharnée, elle a passé un an à la Sorbonne alors qu’elle achevait ses études, et a vécu ensuite un certain temps à Ribérac, en Dordogne, ce qui lui a permis de perfectionner son français. Elle a obtenu le Prix Femina Etranger en 1994 pour le roman « Le royaume interdit ».

Londres 1850. Dès le début du roman, le nœud de l’intrigue est doublement posé puisqu’une jeune femme, Lily imagine le moment où une corde de chanvre se serrera autour de son cou pour la punir du crime qu’elle a commis et qui l’empêche de vivre et d’aimer. Cette jeune femme est une enfant trouvée confiée à une famille rurale où elle passera une enfance heureuse mais condamnée comme tous les enfants trouvés de l’hospice de Londres, le Coram, à y revenir dès ses 6 ans, pour y travailler comme une adulte et dans des conditions de privations et de châtiments qui feront d’elle une révoltée. Réduite à l’impuissance, sa seule libération sera la vengeance. La peur provient du conflit intérieur, du cas de conscience et de la description des terribles épreuves de l’enfance au sein de l’hospice.

Pascale et Dominique Dou.

Lu en janvier 2023, coups de cœur, la peur : Ces jours qui disparaissent (2017), Timothé Le Boucher

Ces jours qui disparaissent (2017), Timothé Le Boucher

Timothé Le Boucher est un jeune auteur-dessinateur, né en 1988, distingué par plusieurs prix, notamment pour cet ouvrage.

L’intrigue :

Un jeune acrobate, Lubin Maréchal, un peu bohême, voit sa vie perturbée par des absences où sa vie se déroule hors de sa conscience. Il s’endort et se réveille après un, puis plusieurs jours sans pouvoir se souvenir de ce qu’il s’est passé pendant ce temps.

Il apparait que son existence, tout du moins son corps, est partagé par un autre… Cet autre lui-même est son exact opposé. Les deux vont tenter de concilier leurs existences si différentes, puis s’affronter pour la possession de ce corps et construire leur vie propre. Les jours disponibles pour l’acrobate vont progressivement se raréfier au profit de l’autre, tout au long de sa vie.

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Lu en janvier 2023, coups de coeur: la peur: La chatte (1933), Colette

La chatte (1933), Colette

  Ce court texte est d’abord paru, d’avril à juin 1933, sous la forme d’un feuilleton dans le journal Marianne. Le livre est sorti en septembre de la même année. Les critiques furent divisées. 

Deux amis d’enfance, Camille et Alain se marient (mariage arrangé par leurs familles). Un petit appartement triangulaire, leur « nid » comme l’appelle Camille, est le décor de ce huis clos étouffant. Alain n’est pas vraiment adulte ; il se plait à prolonger son adolescence insouciante, ses jeux, dans la demeure familiale, et à continuer à rêver, accompagné de sa chatte Saha, « sa chimère » comme le dit sa mère. Camille au contraire, va de l’avant, très énergique et en attente du bonheur avec Alain, rien qu’avec lui. Lui ne parait pas vraiment amoureux. Sa chatte, c’est son enfance, sa vie avant son mariage, une adoration : « cette petite créature sans reproche, bleue comme les meilleurs rêves ». Camille en est jalouse et se sent « sacrifiée à une bête ». Elle tente de la tuer. Quand Alain découvre cet « attentat, cet assassinat », il voit Camille comme un monstre et la quitte.

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Lu en janvier 2023, coups de cœur, la peur: La peur (1925), Stefan Zweig

La peur (1925), Stefan Zweig

Stefan Sweig est né en 1881 dans la bourgeoisie viennoise, en Autriche. Il a écrit des nouvelles (Deux heures dans la vie d’une femme, Le joueur d’échecs, La pitié dangereuse…), des essais, des romans des biographies et une abondante correspondance, notamment avec Romain Rolland et Emile Véhraeren.

Son expérience de journaliste sur le front en 1914-1918 a fait de lui un écrivain réaliste et un pacifiste inconditionnel. Il refuse de s’engager pendant la montée du nazisme mais fuit en Angleterre en 1934 car il est pourchassé en tant que Juif, puis au Brésil où il se suicide en 1942 avec son épouse par refus du nazisme.

La peur, est un recueil de nouvelles dont la première s’intitule « La peur » et se lit comme un thriller. Le lecteur partage, dès la première ligne la peur de l’héroïne, Irène qui a une vie bourgeoise mais qui terrorisée à l’idée que son mari apprenne qu’elle le trompe, par désœuvrement avec un jeune musicien.

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