Lu en janvier 2023, coups de coeur: la peur: La chatte (1933), Colette

La chatte (1933), Colette

  Ce court texte est d’abord paru, d’avril à juin 1933, sous la forme d’un feuilleton dans le journal Marianne. Le livre est sorti en septembre de la même année. Les critiques furent divisées. 

Deux amis d’enfance, Camille et Alain se marient (mariage arrangé par leurs familles). Un petit appartement triangulaire, leur « nid » comme l’appelle Camille, est le décor de ce huis clos étouffant. Alain n’est pas vraiment adulte ; il se plait à prolonger son adolescence insouciante, ses jeux, dans la demeure familiale, et à continuer à rêver, accompagné de sa chatte Saha, « sa chimère » comme le dit sa mère. Camille au contraire, va de l’avant, très énergique et en attente du bonheur avec Alain, rien qu’avec lui. Lui ne parait pas vraiment amoureux. Sa chatte, c’est son enfance, sa vie avant son mariage, une adoration : « cette petite créature sans reproche, bleue comme les meilleurs rêves ». Camille en est jalouse et se sent « sacrifiée à une bête ». Elle tente de la tuer. Quand Alain découvre cet « attentat, cet assassinat », il voit Camille comme un monstre et la quitte.

La peur est formulée relativement à la chatte Saha :

-« Saha gonfla ses narines, montra une angoisse qui ressemblait à la nausée, un miaulement long, désolé, réponse misérable à un dessein imminent et muet, lui échappa. »

– éviter le bras tendu qui l’eut précipitée du haut de 9 étages

– elle fuyait avec méthode, tenait ses yeux fixés sur l’adversaire, et ne condescendait ni à la fureur, ni à la supplication. L’émotion extrême, la crainte de mourir, mouillèrent de sueur la sensible plante de ses pattes qui marquèrent des empreintes de fleurs sur le balcon stuqué ». Après le crime raté, Saha fait face à Camille. Alain dit : « Saha, Saha, sage, voyant la fureur croître dans les yeux jaunes » et face aux empreintes « c’est de la peur, la sueur de la peur. »

On peut aussi y voir la peur, les peurs d’Alain : peur de devenir adulte, peur de Camille.

Après son départ du foyer conjugal, « une sonnerie de téléphone dans la maison l’émut. Allons est-ce que j’ai peur ? Camille n’est pas assez bête pour me téléphoner ».

Christine

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