écrit en décembre 2024 Jeu 3 Des objets pour une histoire 2 – 4- 5- 8

Décembre Jeu 3 objets pour une histoire

-en séance on fait une liste de cinq « objets » à ramener de vacances .

On plie les listes et l’une d’elles est tirée par chacun.

– On raconte le voyage et les circonstances qui nous ont fait ramener ces objets.

Voici la liste qui a été faite en séance. Pour ceux et celles qui n’y étaient pas et qui veulent jouer, tirez au sort une des listes pour faire le jeu.

1 Un caillou, une spécialité culinaire,une photo, un souvenir de rencontre, des ampoules aux pieds.

2 Un calendrier, une carte postale, un presse-purée, un stylo quatre couleurs, un vase.

3 du sable, des coquillages, une carte postale, une spécialité culinaire, un vêtement.

4 des moules, un coup de soleil, des kilos, des photos, du bronzage.

5 Un coquillage, du bois flotté, un t-shirt, un bijou, une paire de tongs.

6 Des punaises de lit, un Mont Saint-Michel sous la neige, un T-shirt de la tour de Pise, une bouteille de liqueur de betterave, des castagnettes.

7 Une amie, un souvenir, des odeurs, des spécialités, de la correspondance.

8 Un livre, une carte postale, du sable, des gâteaux, un torchon.

2 Un calendrier, une carte postale, un presse-purée, un stylo quatre couleurs, un vase.

Quelle surprise ! une carte postale dans ma boîte aux lettres. Je lâche mon presse –purée, mes légumes attendront et m’empresse de lire le message écrit avec un stylo 4 couleurs . C’est Lilas qui m’indique avoir fait la découverte d’un vase magnifique pour compléter sa collection. Mais où est-elle partie sa carte n’indiquant pas spécialement le lieu ; Je regarde mon calendrier pour ma rappeler que nous sommes au mois de juin et qu’à cette date elle passe ses journées à CHYPRE .

H.L.

4 : des moules, un coup de soleil, des kilos, des photos, du bronzage.

Lorsque j’avais 6 ans, j’ai appris à nager en Bretagne, à Dinard, dans une piscine bétonnée sur la plage qui se remplit ou dont l’eau se renouvelle quand la mer monte. Elle reste pleine lorsque la mer se retire.

Je faisais aussi de l’escalade sur les rochers avec mon père, ramassais des bigorneaux pour le repas, faisais des châteaux de sable avec ma sœur.

Des souvenirs comme des madeleines de Proust.

J’ai grandi, depuis longtemps, et j’ai recherché cet endroit charmant.

Je suis donc retournée à Dinard. J’y ai retrouvé cette forte odeur iodée qui donnait tant de goût aux bigorneaux. J’y ai ramassé des moules, pour le repas. J’ai déambulé sur la promenade au clair de lune qui longe la mer et qui est parsemée de splendides maisons bourgeoises.

Mon téléphone à la main, j’ai immortalisé ces instants en prenant des photographies pour ne pas oublier ce décor quand je grandirai encore.

J’ai même réussi à attraper un coup de soleil breton en me rendant dans la meilleure crêperie du coin : je rentre chez moi avec un beau bronzage, quelques kilos en plus, et le souvenir persistant de mon Papa sur les rochers.

C.F.

5 :Objets à rapporter : sable – coquillage – carte postale – ticheurte – spécialité gastronomique

Cette année-là c’était l’année où j’allais boucler ma 71ème année : le poids des ans se faisait de plus en plus sentir sur ma vieille carcasse. J’avais déjà fait plusieurs fois le tour de la terre au cours d’une vie nomade passant d’un continent à l’autre avide de découvrir du nouveau, jamais rassasié de nouveaux horizons , de découvertes exotiques. Et peu préoccupé par un bilan carbone des plus désastreux. Mais cette année-là, précisément, je découvris tout à la fois l’arthrose, le ramollissement cérébral et l’immensité de la catastrophe environnementale. Je décidai alors de limiter drastiquement la longueur de mon déplacement et de bannir l’avion lors de mes prochaines vacances, tut en préservant la découverte, l’aventure et l’exotisme. Je consultai une carte IGN au 25000 milième et il me fut aisé de vérifier que tout cela se trouvait à proximité ; les terra incognita pullulaient tout autour de chez moi. J’approfondis mes recherches avec une carte géologique locale qui me révéla que à quelques heurs de marche du crétacé où je vivais dans le sarladais de mon enfance s’étendaient des territoires relevant du jurassique . Ce terme scientifique m’évoquait évidemment un film que j’avais beaucoup aimé : Jurassic Park et je compris alors que dépaysement et aventure n’étaient pas forcément à l’autre bout du monde mais peut-être simplement à deux pas de chez moi!Et c’est ainsi que, sac au dos, à pied, mais muni d’un cadran polyédrique à 10 faces avec boussole intégré en guise de GPS,je m’élançai vers la petite ville de Terrasson sise au mitan du fabuleux territoire du jurassique ! J’imaginai que les jardins de l’imaginaire étaient en réalité un parc abritant la faune et la flore de cette époque géologique reculée reconstituées à l’identique ! Arrivé à la riante petite cité je m’enquis à l’office du tourisme du prix du billet d’entrée : on me vendit une entrée pour des jardins imaginaires dont on me vanta la beauté époustouflante , c’étaient les nouveaux jardins d’Eden , je n’en verrai pas de semblables à cent kilomètres à la ronde ! Je ne fus pas dupe de ce discours car je savais bien ce que recelait cet Eden ! Je remarquai soudain sur le présentoir des porte-clefs faits avec de petits tubes de verre contenant du sable : je demandai à l’employé de l’office de tourisme ce que c’était . C’est, me dit-il, du sable du Sahara rapporté par M. de Saint-Exupéry en souvenir de sa rencontre dans le désert avec le Petit Prince, il en a fait don à sa ville et nous le vendons aux touristes. Je fis immédiatement l’acquisition d’un de ces porte-clefs contenant du sable qu’avaient peut-être foulé aux pieds le petit Prince et ami le renard ! Puis je m’enquis des animaux du jurassique hébergés dans le parc : l’obligeant employé prit la peine de m’expliquer qu’ils étaient tous décédés de la grippe aviaire quelques années auparavant car ajouta-t-il les dinosaures sont ds oiseaux enfin leurs ancêtres ils n’ont pas résisté au virusH1N1. Mais continua-t-il, puisque le jurassique vous intéresse, regardez cette vitrine contenant des fossiles d’animaux marins de cette époque où les océans recouvraient Terrassson : voyez notamment les coquillages ces magnifiques bivalves parfaitement conservés on les croirait encore vivants , nous les vendons 10€ pièce seulement. J’en achetai 3, 1 pour mon épouse et 2 pour mes concubines. Puis je m’intéressais aux cartes postales parmi lesquelles je remarquai une vue de Terrasson sous les eaux : était-ce un cliché datant de cette époque de submersion océanique ? Ah non monsieur me dit mon informateur, Terrasson a toujours été en avance sur son temps : la première manifestation du dérèglement climatique a frappé notre cité en 1960 : ce sont les eaux de la Vézère en furie qui on recouvert la ville . Malgré cet avertissement l’humanité a continué à saloper la planète et voyez où nous en sommes à présent…A ce propos si vous voulez faire un geste pour la planète , nous proposons un ticheurte commémorant cet évènement et appelant à une prise de conscience : voyez, devant on a une photo de l’inondation et derrière une interpellation : «  Climatosceptique ! Souviens-toi de Terrasson en octobre 1960 ! » C’est du coton synthétique bio tissé à la main, aucune plante aucun animal n’a été maltraité pour sa fabrication.J’achetai donc quelques cartes postales et un ticheurte. Mais tout cela m’avait ouvert l’appétit et je m’enquis d’un établissement du cru où l’on pouvait déguster de la cuisine locale ; il m’indiqua un restaurant populaire tout proche de l’office de tourisme, juste au coin du pont neuf. J’y déjeunai fort bien et repartis avec une spécialité à emporter : une sorte de délicieuse crêpe fourrée au fromage et aux légumes que les Terrassonnais appellenet dans leur patois local un beurêque.

J’en savais désormais suffisamment sur la civilisation terrassonnaise du post jurassique et je repartis vers mon crétacé sarladais natal muni de ces quelques objets typiques emblématiques de cette contrée malheureusement trop à l’écart des grands axes touristiques et qui gagnerait pourtant à être connue

F.V.

8 Un livre, une carte postale, du sable, des gâteaux, un torchon.

Je m ‘étais offert une journée au bord de la mer. C’était l’automne , l’air était limpide. Je marchais au rythme syncopé et lancinant des vagues qui soutenait ma rêverie. Je livrais mon visage au plaisir des embruns, mes orteils à l’eau soudaine et glacée qui me faisait sursauter. Mon regard naviguait des vagues au ciel et aux rochers quand il fut capté par un objet insolite dans ce paysage préservé. C’était un livre au titre énigmatique d’un auteur inconnu. Un signe ? A moi seule adressé ? Je m’assis, adossée au rocher et plongeai dans une lecture compulsive. Je lus d’une traite jusqu’au moment où une vague vint lécher mes orteils. Je regardais autour de moi. Plus de plage ; la marée colonisait rapidement les rochers. Je fourrai mes affaires dans mon sac à dos et sautai, courus jusqu’au pied de la falaise où je trouvais enfin une issue. J’avais peur, j’avais froid, j’étais trempe et arrivai avec peine à me réconforter au café, avec un grand chocolat, avant de reprendre la voiture.

Je déversai le contenu de mon sac sur la table du salon : un livre mouillé, corné, ondulé qui à la réflexion n’avait aucun intérêt. la carte postale qui faisait office de marque page et était destinée à ma mère était couverte de glyphes illisibles et dégoulinants. Le sable qui avait colonisé le livre et les gâteaux qui accompagnaient ma lecture se répandait, en séchant entre les moindres interstices du parquet et crisserait longtemps sous mes pieds. Je découvris aussi un torchon à inscriptions publicitaires, bouchonné, trempé que je ne connaissais pas. J’avais dû l’embarquer sans m’en rendre compte en séchant mes cheveux au café. Ce serait le seul souvenir de mon escapade aventureuse : je jetai tout le reste à la poubelle.

D.Dor

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