Feuilleton 24 25 – 4- Village cherche habitants

Mamadou 4 (à replacer avant la récupération des jeunes)

1 Nous sommes arrivés au village de Castelvieilh et nous, Mamadou et Irine , avons été très bien accueillis par Bastien et Cyril. Nous avons beaucoup de points communs et de passions communes : la nature, la terre, la beauté de ce qui nus entoure.

2 la réunion générale au village pour que chacun rencontre tout le monde : très belle organisation, mets délicieux, tout pour que chacun puisse se détendre, aller au devant de l’autre.

Mais déjà, quelques couacs :

a : le plus grave, une enfant adolescente Julia disparaît

b : des bruits qui courent : le grand-père d’Antoine Coustou , un futur résident écrivain aurait trempé dans de sales histoires dans la ville d’à Côté.

C:Léontine et Eléonore : rupture du couple ou rupture d’acceptation de vivre ici. Accord/désaccord en vue

Que faire, quelle réaction avoir ?

Pour ma part, le fait que la jeune adolescente disparaisse m’a beaucoup inquiété.

On veut énerver son père et finalement on se retrouve devant le néant.

J’ai trop vu de feuilletons à la télé pour croire que Julia va revenir tout de suite.On a trop peur de se retrouver devant un cadavre et on a appelé la police . On ne rigole plus. Il y a trop de faits divers tragiques et mortels.En plus Julia a disparu très vite. Elle est peut être partie dans la campagne. En plus toute seule ! Par ces chemins accidentés et très pentus pour se rendre au sommet et sur les remparts du château. Elle est tombée et a pu se blesser. On ne peut pas la joindre sur son portable.

Je me mets à la place de son père et de son frère. Sont-ils très inquiets ou ont ils l’habitude de ces sautes d’humeur et de ces fugues ? J’en ai discuté avec eux. Julia est très susceptible et a l’habitude de claquer la porte et de s’enfuir. Évidemment son frère jumeau Alexandre est solidaire de sa jumelle.

Avant que la police n’arrive, nous faisons un tour rapide de la situation. Et nous proposons de faire des recherches avant la tombée de la nuit et l’arrivée des forces de l’ordre.

Laurent connaît bien la forêt. Bastien et Cyril connaissent tous les sentiers et nous les ont fait découvrir.

Avec eux nous décidons la stratégie et nous nous engageons dans toutes les directions. Eléonore et Léontine mettent leurs deux chiens sur la piste , après leur avoir fait sentir un vêtement de Julia.
Nous formons une bonne équipe et déjà tout le monde se responsabilise et s’engage avec énergie dans cette recherche.

La battue s’organise. Ce pourrait être un jeu de piste qui serait drôle. Mais non, nous sommes tous inquiets et avons peur d’une tragédie.

Nous faisons des petites équipes de deux personnes, et ainsi nous voilà sur les sentiers.
Nous espérons seulement qu’elle n’est pas partie sur la route et qu’elle a fait du stop.

Impressions d’Ursula Trapanelle installée chez les potiers Jean Tourment et Pauline Joucla

Me voici installée chez Jean et Pauline. Je dispose d’une charmante petite chambre au premier étage avec une salle de bain attenante. C’est parfait, je n’avais jamais été aussi bien lotie de ma vie. La chambre est juste au-dessus de l’atelier et par la fenêtre je peux voir qui entre et sort. Hier soir, après le départ de Madame Viguier, Pauline m’a tout de suite proposé de faire la visite de la maison après quoi elle m’a invité à passer à table, tant mieux j’avais une faim de loup ! Une bonne tarte à l’oignon suivie d’un délicieux fromage qu’ils appellent le Pélardon, je n’en avais jamais mangé et ça m’a changé de la Vache Qui Rit et de l’infâme gruyère servi dans mes précédentes « résidences ». Pour terminer le repas nous sommes passés au salon. Quelques bûches se consumaient dans la cheminée où des châtaignes cuisaient doucement dans une grande poêle… avec des trous ?… c’est curieux !

Tout en dégustant les châtaignes ils m’ont raconté un peu la vie au village et dépeint les habitants qu’ils connaissaient tous plus ou moins. Ils les décrivaient sans médisance et parfois avec une pointe d’humour. Ils ne m’ont posé aucune question sur ma vie, mon passé, ils se sont contentés de ce que la maire leur avait dit à mon sujet et c’est tant mieux j’aurais été encore obligée de mentir. Ce n’est pas que cela me dérange, le mensonge doit faire partie de mon ADN, mais trop de mensonge tue le mensonge ! C’est vrai aussi que parfois je m’embrouille moi-même et comme je les trouve franchement sympathiques je n’aimerai pas les décevoir ou pire leur attirer des ennuis.

Le jour commençait à décliner et j’avais envie d’aller me dégourdir les jambes tout en visitant le village, ce qui ne devrait pas prendre très longtemps. Ils m’ont laissé partir seule en me disant en riant que ce n’était pas à Castelvielh que je me perdrais.

Je déambule donc dans les ruelles du village, l’épicerie fermait ses portes. Sur la place de l’église deux femmes d’un certain âge en me voyant arriver arrêtèrent leurs bavardages pour me dévisager avec de grands sourires… qui sonnaient faux. En passant par la rue de la Grande Carrière j’entendis des éclats de voix. Par la fenêtre éclairée je vis deux femmes s’aboyer dessus, ben c’est pas la joie ici ! J’aurais aimé en savoir plus mais des pas résonnaient derrière moi : c’était deux jeunes, un garçon d’une vingtaine d’année qui traînait les pieds en marchant l’air penaud et une gamine un peu furax qui lui disait que c’était de sa faute si elle avait été retrouvée si rapidement. « Oui, toi et ta manie de jeter des cailloux aux passants comme un môme de dix ans ! » lui disait-elle « j’aurais bien aimé les faire mariner un peu plus longtemps ». Ah tiens, tiens, voici donc les garnements qui sont la risée du village après qu’on leur ait fait une belle frayeur d’après de ce m’ont raconté les potiers. Eh bien en voilà deux qui vont peut-être se tenir à carreau maintenant. Ils m’ont dépassé et sont partis d’un grand fou rire après m’avoir dévisagée. Pfff, la jeunesse d’aujourd’hui ! Mais après tout ils n’ont pas vraiment tort il va falloir que je songe à trouver un autre accoutrement et puis aussi à me débarrasser de la 4L.

La nuit tombe et je ne crois pas faire plus de rencontre ce soir, demain sera un autre jour et il va falloir que je fasse plus ample connaissance avec tout ce petit monde !

LE RAT TATOUILLE

D’aucuns disent souvent : « j’aimerais être une petite souris pour voir ça, ou entendre ceci… »

Et ben moi je suis un rat, et j’ai la chance de pouvoir me faufiler partout, et toc !

Je me promène ça et là, et suis un témoin privilégié de la vie du village.

J’ai quand même intérêt à faire attention, car je peux être pourchassé par les chats, convoité par les rapaces ou coupé en 2 par la pelle d’un humain chez qui je suscite une peur incompréhensible : je suis si mignon, c’est Maman qui le dit !

Elle me laisse sortir en me mettant en garde contre les dangers environnants, mais je suis un peu protégé par Chami et Skippy qui m’escortent parfois.

Il s’en passe des choses ici !! Cela fait quelques jours que nous sommes arrivés, et j’avoue que je ne m’ennuie pas.

Un soir, alors que je grattouillais le sol à la recherche de quelques pitance à me mettre sous la dent, je me suis planqué en vitesse car j’ai vu Mamadou et Bastien approcher en silence du château.

Ils pouffaient de rire, comme des gamins !

Ils ont secoué les buissons comme s’ils voulaient en faire tomber des fruits.

Les nazes !!! il n’y en a pas là dedans !!

Ensuite, ils se sont amusés à imiter plein d’animaux : chouette, corbeau, loup…

le plus drôle c’était le grognement du sanglier.

Heureusement que je les regardais car c’était bluffant de réalisme et j’avoue avoir eu la frousse en entendant le cri de la chouette !!

Tout d’un coup il y eut une cavalcade provenant du château !!! J’ai flippé ma mère !

En fait, c’était la gosse qui avait disparu accompagnée du branleur du village.

Ils ont dévalé le sentier à tout berzingue, les yeux écarquillés de peur.

C’était drôle !! Mamadou et Bastien étaient morts de rire !

Le lendemain, j’ai vu une femme rousse, pas toute neuve, apparaître aux portes du village.

Elle, elle me glace le sang. Je ne la sens pas du tout. Elle est attifée n’importe comment, a un regard malsain avec ses yeux verts perçants, et une odeur de méchanceté.

Je suis allé fureter dans sa vieille guimbarde.

Des cheveux poivre et sel sur le siège conducteur…bizarre ! Des déchets de produits alimentaires bas de gamme (je n’y ai même pas mis ma truffe!), des mouchoirs en papier usagés, une carte routière, et un sac avec des vêtements sales : ça sent le sang là dedans !

C’est qui celle là, qu’est ce qu’elle vient chercher ?

Je vais la suivre …

Lettre à Ana de Gabriella

Hier, maman nous a amenées au marché. Hector, le chien noir nous a suivies. J’en ai moins peur ; il me regarde toujours avec des yeux implorants.

Maman a rencontré les autres femmes du village, elles se connaissent maintenant et surtout elles n’arrêtent pas de parler (d’ailleurs, ici, il y a un truc bizarre, tout le monde te dit bonjour). Elles ont commencé à parler des jeunes qui s’étaient cachés dans le château. Elles étaient très en colère contre eux , alors que moi j’ trouve que c’était une super idée.

J’ai commencé à m’ennuyer. J’ai observé Hector qui jouait avec Skippy, la chienne de Solange. Elle, elle ne me fait pas peur du tout… elle ne s’est jamais approchée de moi. Puis j’ai vu au loin Hugo et Tiago qui arrivaient avec leur mère et j’ai pris Prudence par la main pour aller les rejoindre.

Sans que je l’aie vue approcher, la femme rousse s’est mise à notre hauteur et nous a tendu des bonbons. Elle vient d’arriver au village, elle a une tenue rigolote de toutes les couleurs, mais elle ne sent pas très bon. Je ne me suis pas méfiée, car ici tout le monde est gentil avec nous et j’ai tendu la main. Elle l’a saisie , comme pour me retenir. A l’instant même, Hector s’est entreposé entre nous et m’a poussée doucement, tandis que Skippy grognait à la dame en relevant ses babines et en montrant les crocs. Elle est partie aussitôt, très vite.

Ça s’est passé tellement vite que je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. J’ai compris après et j’ai aussi compris qu’Hector était mon ami. Je l’ai caressé entre les oreilles. Il avait l’air très content. Il m’a léché la main puis il s’est mis à faire des tours à toute vitesse autour de nous, suivi par Skippy qui aboyait joyeusement.

J’ai fait promettre à Prudence qu’elle ne dirait rien à Maman.

Faustine

Ma première séance de yoga a remporté un franc succès.J’ai proposé une séance matinale d’une heure trente et une quinzaine de personnes s’est présentée .Le maire m’a prêté une salle municipale très accueillante et adaptée :parquet , fenêtres en bois , éclairage tamisé . En plus , elle était bien chauffée .

Tous les participants savaient qu’il s’agissait d’un galop d’essai et que notre installation au sein du village reste un projet mais la participation des villageois , leur enthousiasme , leurs mots d’encouragement m’ont rassurée et m’invitent à penser que « oui » , il y a vraiment du potentiel !

J’ai commencé par un court échauffement classique : monter les bras vers le ciel tout en ancrant les pieds au sol .Tout d’abord , j’ai montré l’exercice et puis j’ ai observé les participants afin d’ajuster quelques postures . Au moment de l’extension des bras ,les longues manches du tee-shirt se replient et s’affaissent tout en découvrant l’avant-bras .C’est à ce moment que je découvre un tatouage stylisé et discret , porté par plusieurs personnes .J’ai fait comme si de rien n’était car les yogis concernés s’évertuaient , assez maladroitement d’ailleurs ,à le cacher .

J’avoue que cela m’intrigue et que je m’interroge sur ce signe partagé .De quoi peut-il s’agir ?

Suite et fin pour Antoine Coustou

Chez les Tollis autour d’un café avec l’amie de Mariette, Marie Ange Cassou

Mariette : Alors l’écrivain, qu’est – ce que vous en pensez ? Moi je dis que son projet, c’est pas très clair et puis ça apportera quoi au village ?

Jean : Faut voir

Marie Ange : C’est tout vu ; moi je pense que c’est un type à histoire. Il a visité la maison qui pourrait devenir sa résidence comme il dit. Il a dit que ça ne conviendrait pas car c’était trop petit et qu’il y avait trop de travail. Il faut reconnaître qu’il n’y a pratiquement plus que les 4 murs.

Mariette : Et puis, il n’apprécie pas trop nos repas qui sont trop lourds pour lui. Il m’a dit qu’il mangeait souvent du tofu, et qu’il buvait de préférence du thé vert et du kéfir.

L’épicerie n’en vend pas. Non, c’est impossible qu’il s’adapte ici.

Marie Ange : oui, la messe est dite. Si je rencontre Madame le Maire, je le lui dirai sans détours.

Jean : Et quand même Marie-Ange, tu vas un peu vite.

Les deux femmes presqu’en cœur, Oh ! toi, tu es toujours à tergiverser.

Pour nous, c’est plié.

Mariette : D’autant que dans les autres familles qui sont là, presque tous ont des enfants pour la plupart bien élevés et eux apporteront plus au village. C’est ce qui compte en premier lieu.

Marie-Ange : J’y vais ; il faut que je passe à la bibliothèque et faire quelques courses.

Journal d’Antoine Coustou

Les jours suivants, l’ambiance s’est réchauffée surtout au niveau du climat ce qui permet d’explorer la région et les petites villes proches.

Je découvre avec plaisir Saint-Jean du Gard et Anduze, célèbre pour ses poteries et sa bambouseraie. Je me rends compte que les déplacements sont longs entre Castelvieilh et les lieux un peu plus citadins et plus civilisés. Après ces deux semaines, je crois que je ne suis pas fait pour vivre dans un village aussi perdu dans la campagne. Tisser des liens avec les autres habitants est un impératif auquel je ne pense pas être capable de me soumettre. Je suis parfois un peu ours, me dit mon entourage. Grâce à Jeanne la bibliothécaire de Castelvielh, j’ai rencontré une association d’Anduze qui a un peu le même projet que C, mais déjà plus avancé. Une résidence d’artistes y existe déjà et serait prête à m’accueillir. Je vais creuser cette piste. Anduze est plus près de Nîmes, donc d’une gare et de tout ce qu’une ville peut m’offrir. Je veux bien changer de vie mais pas à ce point. Je vais donc écrire à la maire de C pour lui expliquer mon choix, dès mon retour chez moi.

Madame le Maire,

Je vous remercie de m’avoir permis de séjourner dans votre charmant village. L’accueil y a été parfait et m’a permis de découvrir les lieux de mes racines et ses mystères non-élucidés. 

Néanmoins, je pense être trop citadin et ne pas correspondre au profil du candidat idéal pour me décider à m’installer ici. Parmi les familles rencontrées, d’autres seront ravies de devenir des habitants à temps plein et leurs projets familiaux et professionnels sont mieux en adéquation avec la revitalisation souhaitée du village. 

Je pense néanmoins m’installer plutôt du côté d’Anduze ce qui fera de moi votre voisin et me permettra de venir vous saluer ainsi que les nouveaux amis que j’y ai rencontrés.

Souhaitant la pleine réussite de votre projet, je vous adresse mes meilleures salutations.

A Coustou

Terrasson, le 21 décembre 2024.

Madame,

vous sollicitez l’aide de Mme Margot Bourdalet pour un problème concernant le comportement de certaines personnes dans le village.C’est donc bien une mission de médiation que vous lui demandez, or la médiation est une science compliquée qui requiert des compétences et un savoir-faire que l’on acquiert au terme de longues études. Cette mission demande également du travail, de l’investigation et un investissement conséquent. C’est à juste titre que Mme Bourdalet a été choisie pour cette fonction car elle a toutes les qualifications nécessaires.

Mais tout cela a un coût, vous en conviendrez, le bénévolat a ses limites. Mme Bourdalet, outre sa petite épicerie, a créé une société spécialisée dans le coaching et le développement personnel. Je m’occupe au sein de cette société, de la gestion comptable donc de la perception des honoraires afférents aux différentes missions qu’elle manage. En l’occurrence j’ai le plaisir de vous informer que le barème médiation (prestation de base) est de 1200€, afin de valider le contrat je vous prie de bien vouloir me remettre (en espèces) un acompte de 40 % soit 480€ .

Avec mes salutations respectueuses dans l’attente de votre règlement.

Francis Valade, gestionnaire comptable de la société Bourda-Média.

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