Jeu 3 élément déclencheur
Voici trois incipits (premières phrases) de romans célèbres
« Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. » (Zola Germinal)
« Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. » (Pêcheur d’Islande, Loti)
.
Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du
restaurant. Comme il portait beau par nature et par pose d’ancien sous-officier, il cambra sa
taille, frisa sa moustache d’un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard
rapide et circulaire, un de ces regards . (Bel Ami, Maupassant)
A vous de trouver l’élément déclencheur d’une suite éventuelle pour un roman de votre invention.
(il peut déstabiliser le personnage ou la situation initiale en créant une incertitude, en en mettant à mal son assurance, en réveillant une crainte, une peur, en mettant en évidence une contradiction, en mettant un bâton dans les rouages, en détournant du but initial…)
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« Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. » (Pêcheur d’Islande, Loti)
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« Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer »
Le vacarme de la tempête au dehors rendait difficile toute conversation suivie. Soudain on entendit des coups violents à la porte d’entrée, on alla ouvrir , une rafale de vent balaya la pièce, on referma prestement et le nouvel arrivant fut assailli de questions : on le pressa de dire quel bon vent l’amenait .Il s’exécuta mais le vacarme des éléments déchaînés couvrait sa voix.
-Qu’est-ce qui dit ? Demandèrent les carrures terribles avec leur voix de stentors.
-Que la petite Annie, la fille du patron, vient d’être reçue au capes de lettres mais elle a pas trop le moral parce que du coup elle a le sentiment de trahir sa race répondit quelqu’un .
– Ah, bon ! Repartit une des carrures et pour la météo il a pas des infos ?
F.V.
« Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer ». Pêcheur d’Islande – Loti
La nuit s’annonçait longue, pleine d’alcool et de possibles bagarres. Soudain, la porte s’entrouvrit et une silhouette apparut : un petit garçon, tout blond, tout frêle qui appela « Papa » d’une voix hésitante. Le brouhaha s’estompa légèrement. Cela suffit pour qu’une des silhouettes massives se retourne, s’écarte du bar, et s’approche de l’enfant. Celui-ci murmura quelques mots et le matelot s’accroupit maladroitement, répondit, se releva en titubant un peu. Il hésita, tourna sa casquette sur sa tête, se frotta le menton. Il vida son verre, jeta quelques pièces sur le bar, prit la menotte dans sa grosse patte et tous deux quittèrent les lieux sans un regard en arrière. Les quatre autres les suivirent des yeux et tout reprit comme avant.
D.DOU
Ils étaient 5 aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Nous étions vendredi, c’était la paye de la semaine où une partie était destinée à la boisson pour aider à passer une partie de la nuit entre copains avant de se séparer et rentrer chez soiu.5 c’est bien pour une partie de cartes. L’un d’entre eux déroule le tapis de jeu sur la table poisseuse tandis qu’un autre se saisit du jeu de cartes et commence à les mélanger. La distribution faite, la partie s’engage en alternant carte à jouer et coup à boire. Au fur et à mesure que la soirée s’allonge les cartes se mélangent, les verres s’entrechoquent après chaque partie. 2heures du matin, les visages sont fatigués par la semaine et la boisson. Les caractères se libèrent, quand soudain l’un d’entre eux plus virulent se lève de sa chaise, furieux, renverse la table accusant un autre de tricher . Depuis le début, il n’a pas gagné une seule partie alors que celui d’en face a une chance insolente. Les coups pleuvent, les verres et les bouteilles en déversant tout le contenant jonchent le sol, les noms d’oiseaux fusent à tel point que le tenancier sort son nerf de bœuf pour calmer l’assemblée et leur demande de quitter les lieux immédiatement.
Toujours cette même scène qui se répète tous les vendredis.
H.L.
» Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer » (Pêcheur d’Islande, Loti)
Soudain, ils sursautèrent lorsque la porte du logis s’ouvrit avec fracas laissant entrer un homme trempé jusqu’aux os et de toute évidence paniqué. Il demanda à boire et annonça sans préambule que c’était la fin du monde. Que voulait-il dire ? Les cinq amis se regardèrent stupéfaits mais déjà l’inquiétude les gagnait. Que faire ? Attendre que cela passe ou décamper au plus loin de cet endroit maudit ?
B.D.
Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. » Ils n’osaient pas aborder le sujet qui , ils en étaient certains ,allait sceller la fin de leur amitié .Comment avertir la pauvre Jeanne du décès de son mari? Lequel d’entre eux avait failli dans la sécurité du bateau ? La pêche était -elle devenue plus importante que le sauvetage d’un des leurs? Oui ,il fallait se décider ,aller voir cette jeune veuve ,l’avertir en douceur ,ne pas trop mentir…ne pas dire que l’un était plus responsable qu’un autre …Il allait falloir s’occuper des enfants ,il fallait, il fallait… »Faites ce que vous voulez ,dit l’un ,je me casse ,s’il n’avait pas voulu le gros poisson pour lui tout seul ,il serait encore en vie… »
B.H.
Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Ils profitaient de ces quelques heures de repos avant de reprendre la mer lorsque soudain, un bruit assourdissant les prit par surprise et une secousse terrible les projeta contre le mur qui s’écroula sur leurs corps affaissés.
Au bout d’un temps qui lui sembla interminable, plongé dans le noir et dans un silence lourd, Henry, le capitaine du bateau remua un bras puis l’autre, sa tête était lourde, sa jambe droite douloureuse. Il essaya de se lever et n’y parvint pas. Il cria à l’aide, appela ses compagnons mais seul le silence lui répondit. Quelques minutes plus tard il crut entendre au loin les sirènes des secours qui se rapprochaient, des personnes pénétrer dans la salle, demander s’il y avaient des blessés puis il n’entendit plus rien. Son esprit s’était envolé vers quelques contrées lointaines.
John, tout près de lui mais à demi inconscient, gisait sous un tas de gravats quand il crut apercevoir au loin une petite lumière qui scintillait sans pouvoir distinguer sa provenance. Sa tête reposait sur un tas de bois et tout son corps était douloureux mais il était vivant, et bien vivant, un miracle ! songea-t-il. Tout autour de lui le silence régnait, un silence terrifiant. Il essaya d’appeler ses compagnons mais aucun son ne sortit de sa bouche.
Quand il revint à lui, Henry ne reconnut pas les lieux. Il était allongé sur le dos, ses yeux écarquillés balayaient la pièce d’un blanc immaculé. Il tourna la tête vers le lit voisin et reconnut John qui semblait dormir. Alors le souvenir d’un effondrement ressurgit dans son esprit. Il fit un effort surhumain pour se lever, sa tête bandée lui tournait, il se cramponna au montant du lit, prit une profonde inspiration et à pas chancelants pénétra dans un long couloir où trois personnes de blanc vêtues s’agitaient et parlaient avec animation. Je suis à l’hôpital, se dit-il. Mais que s’est-il passé ? Où sont les autres ? Les questions se bousculaient dans sa tête. John qui s’était réveillé le reconnut et tous les deux reprirent courage.
Deux jours plus tard ils décidèrent de s’échapper et regagner leur bateau resté au port en espérant retrouver leurs trois camarades disparus. Après une longue marche pénible à travers les ruelles défoncées aux maisons à demi écroulées, ils découvrirent avec effroi que leur bateau avait sombré. Un amas de planches et de ferraille enchevêtrées flottaient dans l’eau agitée du port et ils eurent du mal à reconnaître leur bateau. Devant eux s’étendait une mer agitée et effrayante avec d’énormes vagues qui venaient s’écraser avec fracas sur la digue qui menaçait de s’écrouler. Ils scrutèrent l’horizon et cette mer tourmentée qui allait à tout moment les engloutir envoyant sur leur corps meurtris des paquets d’eau projetés par ces gigantesques vagues qui s’agitaient dans tous les sens. Devant ce spectacle d’apocalypse qui s’étendait à leurs pieds, ils prirent conscience de l’ampleur de la catastrophe et comprirent qu’ils ne reverraient plus leurs trois camarades à jamais disparus. Ils s’étreignirent longuement, leurs visages baignés de larmes et d’au salée et ils se firent la promesse qu’un jour prochain ils reprendraient la mer quoiqu’il arrive.
D.L.
1 « Ils étaient cinq aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer ». Ils buvaient méthodiquement, en silence, et la serveuse savait reconnaître le choc particulier du verre vide pour les resservir.
Personne ne fit attention au grondement sourd qui montait de la nuit. Soudain, la lumière vacilla, les verres tintèrent sans raison. Robert bougonna :
– Qu’est-ce que tu fous, la Berthe ?
La serveuse n’eut pas le temps de répliquer. Une onde nouvelle fit dégringoler les bouteilles et déstabilisa les buveurs. Maurice tomba et se redressa en s’accrochant au comptoir :
– Ch’uis pas encore saoul, Bon dieu !
La voix caverneuse d’Auguste assena :
-Les gars, c’est la terre qui nous lâche.
Et il se propulse hors du bistrot, suivi par Maurice. Les trois autres, dégrisés, éperdus, se recroquevillèrent au pied du comptoir, Robert pleurait comme un enfant.
C’est alors que la vague arriva. Elle libéra la bicoque de ses fondation et l’emporta comme un rafiot vers l’intérieur des terres.
2 « Ils étaient cinq aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer ».
La porte s’ouvrit sur le nuit et la silhouette d’un homme trapu. Les cinq hommes se retournèrent dans un même mouvement.
L’homme claqua la porte, toisa l’assemblée et je focalisa sur le plus costaud.
– Alors, Joe, on ne salue pas ? Joe, le marin d’eau douce. Tu leur a raconté à tes copains comme tu t’es ensablé, dans la passe, avec ta barcasse… Comme tu as gueulé, imploré pour qu’on vienne te chercher. On t’a bien fait mariner. On a attendu que ça gite salement… Tu as même fait dans ton froc, pas vrai ?
Joe se détacha du comptoir, décocha un coup de poing fantastique dans la mâchoire de l’inconnu qui s’effondra. Il quitta le bar sans demander son reste.
Les quatre autres, indifférents à l’homme couché, se retournèrent vers le comptoir. Tout ça méritait bien un verre pour se remettre.
3 « Ils étaient cinq aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer ».
Berthe, la serveuse, lâcha , l’air de rien, en les lorgnant du coin de l’œil :
– Il paraît que la Jeanne est de retour.
Ils posèrent leur verre, dans un ensemble parfait. Imperceptiblement, ils se redressèrent, les oreilles de Maurice passèrent du rouge au cramoisi, le visage de Robert rajeunit d’un seul coup.Auguste frisa son regard dans le miroir tandis que Joe passait sa main dans sa tignasse pour la discipliner et que Paul évaluait leur déchéance commune.
Ils avaient tous aimé la Jeanne. Ils s’étaient battus, fâchés pour elle. Elle était partie. Ils avaient pleuré, s’étaient rabibochés et les années avaient passé. Quarante, tout juste.
Mais si Jeanne était de retour, qu’allait il se passer ?
D.Dor